Texte écrit en collaboration avec Radha Agarwal

Les étudiants internationaux expriment leur soulagement suite à la décision du gouvernement fédéral de maintenir une politique temporaire levant la limite de travail de 20 heures par semaine jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Cette politique de plafonnement du temps de travail, lancée comme projet pilote en novembre 2022, devait expirer le 31 décembre. La levée de cette limite avait initialement été mise en place pour pallier les pénuries dans le marché du travail canadien.

Auparavant, les étudiants internationaux ne pouvaient travailler que 20 heures par semaine hors campus, et beaucoup d’entre eux déclaraient avoir besoin de travailler davantage pour couvrir l’augmentation des frais de scolarité et des dépenses.

Gunwant Singh Atwal, un étudiant indien en gestion des soins de santé à l’Université du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse, a déclaré que la nouvelle de la prolongation de cette politique était un immense soulagement. Depuis la levée du plafond de travail l’année dernière, il travaille à temps plein dans un centre d’appels à Sydney avec plusieurs autres étudiants internationaux.

« Chaque étudiant que je connais a poussé un soupir de soulagement le 7 décembre. L’ambiance dans mon bureau était indescriptible », a déclaré Singh Atwal. « Les gens étaient euphoriques et pleins d’espoir pour leur avenir. »

Lors de la conférence de presse annonçant cette extension, le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, a déclaré que cette politique temporaire resterait en vigueur jusqu’au 30 avril 2024. Miller a mentionné que le gouvernement fédéral envisageait d’autres options pour les étudiants internationaux, y compris l’augmentation des heures de travail hors campus à 30 heures par semaine pendant l’année scolaire. Il a souligné que travailler 40 heures par semaine en tant qu’étudiant était « intenable ».

Selon les données fédérales, plus de 80 % des étudiants internationaux travaillent actuellement plus de 20 heures par semaine.

L’Alliance canadienne des associations étudiantes (ACAE), qui a exhorté le gouvernement à rendre permanente cette politique temporaire de plafonnement du travail, a déclaré dans un communiqué de presse que la décision du ministre aiderait à apaiser certaines inquiétudes des étudiants internationaux.

Mateusz Salmassi, directeur de la promotion des intérêts des étudiants à l’ACAE, a déclaré : « Les étudiants internationaux font face aux dures réalités de la crise du coût de la vie au Canada, et la suppression temporaire de la limite des heures de travail hors campus a été une bouée de sauvetage majeure pour beaucoup. L’annonce du ministre Marc Miller leur offre un répit temporaire. »

Emmanuel Ndedigwe, un étudiant nigérian au Collège Coquitlam en Colombie-Britannique, a déclaré que bien qu’il soit difficile pour les étudiants de concilier travail et études, ils doivent néanmoins gagner suffisamment d’argent pour couvrir leurs dépenses quotidiennes.

« Comment est-on censé étudier le ventre vide ? »

Il a ajouté que cette politique temporaire peut également empêcher les étudiants internationaux de recourir à des travaux « au noir » pour dépasser la limite de 20 heures, les exposant ainsi à d’éventuelles exploitations et abus.

Shrey Arora, un étudiant indien à l’Université de la Colombie-Britannique, a déclaré qu’il soutenait la politique même s’il n’était pas directement affecté par celle-ci. Avec son volume de cours actuel, Arora a dit qu’il lui serait difficile de travailler plus de 15 heures par semaine.

Il a indiqué recevoir un soutien financier de sa famille, mais reconnaît que ce n’est pas toujours le cas pour les autres.

« Mes parents me soutiennent, mais la plupart des autres étudiants indiens essaient de gagner leur vie tout en étudiant, ce qui rend la tâche difficile pour eux. »

Certains critiques sont sceptiques quant à la suppression du plafond de travail. Une consultante en immigration basée à Windsor, en Ontario, Amanjit K., directrice chez Earnest Immigration and Citizenship Services Inc. et utilisant professionnellement le nom « Amanjit K. », affirme que la limite de 20 heures était « une bénédiction déguisée ».

« Les étudiants internationaux pouvaient se concentrer sur ce pour quoi ils étaient venus ici : étudier, obtenir leurs diplômes et planifier leur chemin vers la résidence permanente sans être forcés d’emprunter un autre parcours parce qu’ils ne pouvaient pas répondre à leurs obligations en tant qu’étudiant », a-t-elle déclaré.

Elle a expliqué que certains étudiants internationaux rencontrent des problèmes lorsqu’ils postulent pour des permis de travail post-diplôme s’ils ne peuvent pas remplir leurs exigences en tant qu’étudiant à temps plein. Si les étudiants travaillent plus de 20 heures et doivent réduire leur charge de cours, cela peut nuire à leur capacité d’obtenir un permis de travail pouvant mener à la résidence permanente.

À l’automne, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a envoyé un sondage aux étudiants internationaux du postsecondaire pour évaluer l’impact du projet pilote sur leur travail et leurs études. Les résultats de ce sondage n’ont pas encore été publiés.

Texte traduit par Pierre Michaud

Katrya Bolger is a Thai-Canadian journalist. She writes about how national politics and policy impact Canada's immigrant communities. Since starting her career as a sub-editor for the Bangkok Post, she...